Péripéties bulgares ( 4)

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                      AU REFUGE DE PASKAL   

                       

 

Cette brave femme qui m’emmenât
ainsi dans le refuge de Paskal se nommait : Potmaki ou Potmika ou Pitmako,
ou encore Mitpoka.

J’ai curieusement oublié son nom
(elle ne s’appelait quand même pas Potemkine !)

C’était une femme assez corpulente,
et je l’aurai bien vu comme bûcheronne ou encore à construire des routes.

Fallait voir comment, dans un geste
brusque et viril,  elle changeait de
vitesse sur sa jeep, un véritable routier, manquait plus que les
tatouages !

Allez j’exagère un tantinet, la
corpulence d’un corps ne veut pas dire que l’on soit exempt de tendresse ou de
délicatesse !

J’en ai vu des femmes, qui tout en
portant le foulard, pas pour des raisons religieuses, mais pour se prémunir de
la poussière, la pelle à la main, ou conduisant des brouettes de goudron, réparer
les pauvres routes cabossées de la
Bulgarie.

 Elles bossaient tout aussi durement, si pas
autant que les hommes, car le soir, elles devaient sûrement encore préparer les
repas pour ces derniers.

A Sofia, par exemple,vous aviez toute
une armée de femmes qui balayaient ainsi les rues, munies de ces drôles de
balais faits de branchages, et, sauf respect pour la gent féminine, on aurait dit
des sorcières !

Donc nous voila bringuebalant dans
sa jeep, secoués comme dans les montagnes russes d’une foire. (je devrai dire
plus justement , secoués comme dans les montagne bulgares ! )

Le paysage était très joli, j’aurai
bien voulu descendre pour continuer la route à pieds, mais comment expliquer
cela à Mitpoka, qui imperturbable continuait à piloter sa jeep, changeant les
vitesses dans un grincement caractéristique, c’était certainement plus physique
que de moudre du café.

Comme ça grimpait, il fallait
souvent qu’elle change les vitesses à la main, car il n’y avait pas la
direction assistée, ou quelque chose comme ça.

Je ne sais pas exactement, n’ayant
jamais conduit de voiture, tout au plus des vélomoteurs !

 A un moment donné, nous traversâmes toute une
grande forêt de bouleaux.

Je trouvais ces arbres
extraordinaires.

Leurs troncs m’apparaissaient quasi
irréels, avec leurs textures ressemblant aux ocelles d’un guépard ou d’un marsupilami.

Certains troncs de platanes donnaient
aussi cette impression d’animalité, quand leurs écorces imitaient la peau de
pachyderme.

Je vous certifie que c’est
vrai ! A moins que je n’ai plus vu de platanes depuis longtemps.

Après une heure de routes et
quelques cahots, nous arrivâmes au chalet de Paskal.

Le chalet était en construction et
l’on entendait le bruit d’une scie circulaire et le tambourinement d’une
bétonnière.

 Je me posais déjà la question très pertinente,
à savoir où j’allais dormir si le chalet n’était pas encore fini !

En fait, il était en rénovation, il
y avait néanmoins une petite pièce qui devait servir de réfectoire et à
l’occasion de chambre à coucher.

Potemkina m’indiqua cette pièce en
m’expliquant que je pouvais dormir là ce soir, sans problèmes, mais pas sans
couvertures, car vous  n’êtes pas sans
savoir, qu’il peut faire froid, le soir en montagne, même à 1500 mètres d’altitude.

Dans cette minuscule  pièce, se trouvait un poêle à bois munie d’une
grosse buse (grosse buse vous-même, restons polis !) et de trois lits
jumeaux……. Des triplés alors ?

Le poêle à bois occupait la moitié
de la place.

Comme nous étions vers les 11h du
matin, Matpiko entreprit de faire la tambouille pour toute l’équipe des
ouvriers.

Nonobstant, je me proposais comme
volontaire à l’épluchage, mais Mapotka, refusa en me faisant un
petit sourire étonné, l’air de dire,  Non, non, nous n’allons pas salir vos frêles
mains de touriste !

Par la suite nous nous régalâmes
d’une bonne soupe à l’haricot, suivie de charcuterie, de pain et d’une salade
de tomates.

Je restai donc toute la journée dans
cet endroit.

J’étais malgré tout intrigué en
contemplant le beau dénivelé que j’aurai à faire le lendemain ( de 600 à 800 mètres)

 Par la suite, lorsque les ouvriers quittèrent
le chantier, (  moi qui pensais naïvement
qu’ils allaient rester dormir sur place) 
je me retrouvais seul dans ce petit chalet, cette annexe du refuge.

Ce fut une sensation assez étrange
et  plutôt agréable.

 Comme si j habitais seul dans une contrée
sauvage.

 Il n’y avait pas d’électricité, que du silence
et des chandelles pour s’éclairer un peu.

Le feu n’était pas encore éteint,
j’en profitais pour réchauffer la soupe aux haricots qui restait de ce midi.

Il pleuvait sans arrêts, une petite
pluie fine, insistante, ce qui accentuait le côté nature sauvage, manquait plus
que le ululement des loups.

Le feu ronflait encore, ce qui ne
m’empêchât nullement de bien dormir.

J’entendais au loin comme la rumeur
d’un tambour et cela m’intriguait, jusqu’au moment où je compris d’où venait ce
bruit.

C’était tout simplement mon cœur qui
battait !

 Décidément, nous ne sommes plus habitués au
silence, nous autres les citadins !

Le lendemain, le feu était mort, et
comme il faisait un peu frisquet, j’essayais de rallumer celui-ci.

Je n’y suis jamais parvenu !

Je ne comprenais pas comment Potmako,
arrivait à faire démarrer le feu, comme ça, juste avec une allumette et une
serviette de papier, encore un mystère bulgare de plus !

En principe, ce deuxième trek, ne
devait pas me poser trop de problèmes, car apparemment, il était très bien
indiqué. (j’avais vérifié le chemin la veille)

De temps à autres des pylônes
étaient fichés en terre montrant le chemin à prendre.

Du refuge de Paskal au refuge de
Monima Polyanna , d’après les renseignements récoltés, il y avait pas plus de 5
heures de marche. Mais cela me prit bien plus que cela, je vous expliquerai
pourquoi dans un autre billet !

 A   S U
I V R E ………………….

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Une réponse "

  1. je lis et suis surprise, pour le moment tu ne fais que de la voiture ! Encore heureux que les routes soient cabossées et que cette frangine de Potemkine ait manié cette jeep virilement !Non mais, tu t\’endors ou quoi ? Qui m\’a fichu un montagnard pareil ?Attention, je surveille !

  2. Oui Marie-JO Lare, mais c\’est le début, il faut un certain rodage pour apprivoiser le montagne. N\’oublies pas que j\’ai fait un petit trek, depuis Celopec jusqu\’au refuge de Mourgana, La rando du refuge de Paskal via le refuge Polyanna, ne sera pas de tout repos et pleins de surprises. Cela va être mon vrai baptème de la montagne. Tous les refuges de montagne, ne sont pas joignables par les routes de terre et certains sont approvisionnés à dos de mule, c\’est le seul moyen de locomotion.BIEN LE BONJOUR DANS TA MAISONNÉE.

  3. Dis krikri, appelle-moi donc Marie-Jo.le Lare ,n\’est que le début du second nom de famille de mon mari, donc le mien ! (nom composé chez beaucoup de béarnais).. tu sais que je rigole, je le sais que c\’est dur la montagne, mes mollets se souviennent des randos dans les Pyrénées. Il me tarde que les températures baissent un peu pour recommencer. Un ours a été vu et photographié près de St-Lary dans les Htes Pyrénées. Sa photo est sur le journal et ses divagations dans la montagne sont suivis (plus ou moins) à la trace par des "experts" ! A suivre…

  4. Il n\’y a pas de problème ma chère Marie-Jo, je sais que tu plaisantais. Et à propos d\’ours, le plus grand contingent si je puis dire, se trouverait en Bulgarie et en Roumanie.

  5. Salut Christian. Vrai que nous n\’avons plus l\’habitude du silence, plus encore, nous ne savons plus l\’écouter.C\’est un peu tous nos sens que nous perdons lorsque nous retrouvons la nature pleine. Il nous faudrait réapprendre le monde, la terre.Interressant ton récit.

  6. Hé, Le Seigneur Leroy, c\’est quoi ce truc de se faire balader dans une Jeep par une Madame qui ressemble au Roger de nos ateliers d\’écriture…….j\’attends la suite ….avec tes frêles mollets……..Biz

  7. ah oui on devait te manquer nous les fragiles petites femmes!! encore heureux que ce n\’était pas une ogresse qui t\’aurait fait cuire!! non je blague!! femmes rudes et travail dur!! bisous christian

  8. Je me sens vraiment embarquée dans ton récit, comme si j\’ y étais !!Les battements de tambour…sont ceux de ton coeur …j\’imagine la profondeur du silence ambiant !!

  9. eh oui, les ours des Pyrénées sont en fait, des ours slovènes ! Aujourd\’hui, sur le journal : Olivier de Maliave, journaliste à France 3 et spécialiste des Pyrénées et des traditions vient de faire un livre " Histoire de l\’ours dans les Pyrénées. de la nuit des temps à nos jours. le récit de milliers d\’années partagées entre les Pyrénéens et ce plantigrade. Un oncle de Jean, berger dans la vallée d\’Aspe avait écrit un livre "l\’ours et les brebis". Toujours fascinant, cet animal. Une peluche que, à l\’état naturel, on redoute de croiser.

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