De tout temps, l’homme a transformé son environnement. Il est ici question de changer le climat d’une planète. Avec les progrès technologiques que notre société connaît actuellement, l’action de l’homme sur l’environnement de la planète Terre est de plus en plus considérable. L’homme a réussi à transformer le climat de la Terre. De là à espérer qu’un jour nous puissions modeler et transformer une planète entière à notre guise, il n’y a qu’un pas…
Naissance d’un concept (historique)
Le procédé qui consiste à modifier radicalement les conditions existantes à la surface
d’une planète pour la rendre habitable est née sous la plume de William
Olaf Stapledon, un poète et philosophe anglais surtout connu pour ses
romans de science-fiction. Le concept apparaît pour la première fois
dans un roman de 1930, Last and First Men, relatant l’épopée de
l’humanité à travers le système solaire
et l’Univers sur… Deux milliards d’années ! Pour purifier
l’atmosphère empoisonnée de Neptune et la rendre respirable, les hommes
libèrent à sa surface des plantes génétiquement modifiées, qui vont
absorber les molécules toxiques et injecter de l’oxygène.
Le mot terraforming (terraformation en français) est né en 1942 dans le
cerveau d’un écrivain de science-fiction américain, Jack Williamson
(dans Collision Ship), le but étant de rendre une planète aussi
hospitalière que la Terre.
Depuis son invention le terraforming est un sujet de prédilection des
auteurs de science-fiction. L’œuvre de référence sur la terraformation
de Mars et ses conséquences est l’étonnante trilogie de Kim Stanley
Robinson (Mars la rouge, Mars la verte, Mars la bleue, 1993-1996).
En 1961, Carl Sagan est le premier scientifique à prendre la
terraformation au sérieux et à l’appliquer à une planète: Vénus. Sagan
propose un mécanisme pour rendre la planète Vénus plus clémente.
Comparée à la Terre, Vénus est un véritable enfer. A sa surface, la température avoisine les 460°C, et la pression atmosphérique
est 90 fois plus élevée que la pression atmosphérique terrestre.
N’importe quel organisme déposé à la surface de Vénus est immédiatement
cuit et écrasé ! A la température et à la pression atmosphérique
s’ajoute la grande quantité de gaz à effet de serre de l’atmosphère vénusienne (CO2 et vapeur
d’eau). L’idée de Sagan consistait à tenter d’absorber le CO2
atmosphérique par l’activité photosynthétique d’algues et ainsi aboutir
à un refroidissement de la planète. Mais ce scénario n’avait pas grande
chance d’aboutir à un changement radical du climat de Vénus car sous
l’effet de fortes chaleurs le développement d’algues est peu probable…
A ce jour l’étude la plus détaillée est celle de Christopher Mc Kay,
Owen Toon et James Kasting qui se sont focalisés sur la planète la plus
prometteuse en matière de terraformation: Mars, planète à laquelle nous
nous intéresserons par la suite.
"Ingénierie planétaire" et "terraforming": quelles différences? Quelles relations ?
Définitions
Les hommes peuvent survivre dans un milieu hostile de deux manières
différentes: soit ils amènent leur propre environnement comme ils l’ont
fait sur la Lune lors des différentes missions Apollo avec des bouteilles d’oxygène, soit ils essayent de transformer l’environnement inhospitalier de manière à le rendre habitable.
Buzz Aldrin photographié sur la Lune avec sa combinaison obligatoire à sa survie…
Photo: "à la conquête de la Lune" de Jacques Villain
La seconde solution est de loin la plus intéressante: les colons
pourraient alors vivrent en totale autonomie et indépendamment de la
Terre. C’est l’objectif de notre étude.
On parle "d’ingénierie planétaire" pour définir les actions à
entreprendre pour modifier une planète pour qu’elle ressemble au final
à la notre. Cependant le terme d’ingénierie planétaire peut être
utilisé pour définir deux phases: l’ecopoiesis (mot grec dont la racine
signifie "la réalisation des conditions nécessaires à la vie", qui
signifie aussi l’implantation d’organismes pionniers à la surface d’une
planète) suivi de la terraformation proprement dite.
Comme il le suggère, le terme terraformation désigne l’ensemble des
opérations nécessaires à la transformation d’une planète en une autre
Terre. C’est-à-dire réussir à créer sur une planète (Mars, Vénus…)
une atmosphère et un environnement similaire à ce que nous connaissons
sur Terre. C’est un processus d’ingénierie planétaire.
La recette pour fabriquer une planète habitable n’est pas simple et
demande un certain temps, en effet selon les hypothèses la durée totale
du terraforming varie entre une centaine d’années et 100 000 ans dans
le cas de Mars.
Comment faisons-nous ?
Le réchauffement de Mars est une
étape indispensable à sa terraformation. Pour terraformer une planète
il est nécessaire de transformer son atmosphère…
Pour une planète comme Vénus où l’atmosphère est constituée
principalement d’acide sulfurique (vastes nuages à 60 Km d’attitude) et
de dioxyde de carbone (CO2, de 0 à 30 Km) et où la température moyenne
s’élève à 470°C avec une pression atmosphérique 90 fois plus élevée que
sur Terre, le travail semble plutôt laborieux. Cependant, les
scientifiques pensent qu’en introduisant une bactérie dite
hyperthermophile (c’est-à-dire qui atteint son métabolisme optimal dans
les hautes températures) on peut améliorer l’état actuel de la planète.
Le pyrodictium occultum est une bactérie qui atteint son métabolisme
optimal à 105°C. Sur Terre, elle peut être trouvée dans les volcans
sous-marins où elle s’attache aux coussins de magma à l’aide de longs
fils de protéines. De plus, elle est lithotrophique: elle trouve toute
son énergie dans la roche, obtenant notamment son oxygène en faisant réagit l’acide sulfurique, et ses condiments à l’aide du CO2.
Il va sans dire que Vénus serait un paradis pour elle. Petit à petit
l’atmosphère deviendrait respirable pour les petits végétaux,
permettant au final l’obtention d’un taux d’oxygène suffisant pour
l’homme, ainsi que l’ajout de gaz tel que le diazote (N2)…
Pour une planète comme Mars, quatre modifications majeures devraient être opérées:
– Augmenter la température de surface de près de 60°C,
– Densifier l’atmosphère,
– Rendre l’eau liquide disponible,
– Diminuer le flux d’U.V. (ultra violet, domaine d’une longueur d’onde inférieur à 400nm et qui va jusqu’à 10nm) et des rayons solaires.
Une fois ces modifications obtenues, l’ecopoiesis devient possible
Posté par Publication le Dimanche 1er Août 2004 // (site : techno- science.com)